Narbo Via
Moi, ce que j’aime dans les musées c’est la petite information, l’anecdote légère qui vient compléter la grande Histoire ! Un clin d'œil, une étymologie, un mystère de fouilles archéologiques…
Et au musée Narbo Via, il y a presque une anecdote par œuvre !
L'impressionnant mur lapidaire
C’est l’emblème du musée Narbo Via : son mur lapidaire.
Rien que le nom est impressionnant ! Les pierres qui le composent le sont tout autant : inscriptions antiques, représentations figurées, blocs architecturaux…. vous y découvrirez des frises, des silhouettes extraordinaires…mais le mur en lui-même et son dispositif technique ne le sont pas moins !
Unique au mondeIl est inspiré des célèbres entrepôts du géant Amazon, c’est la seule adaptation existante dans un musée.
Ce système de bras venant déplacer d’immenses blocs de pierre a dû être spécialement adapté pour être suffisamment solide mais avoir la finesse et la douceur nécessaire au déplacement des ces blocs antiques fragiles.
Chaque bloc doit être manipulé avec soin et douceur, pour la majeure partie en calcaire et vieux de plusieurs siècles, ces pierres ne supporteraient pas un déplacement trop abrupt.
- 2000 : c’est l’âge de la plupart de ces blocs monumentaux
- 400 : c’est le poids moyen en kilo de chaque bloc exposé
- 760 : c’est le nombre de blocs présents dans le musée. 420 sont exposés chaque jour, les autres sont en réserve pour analyse et interprétation avant d’être exposés à leur tour.
- 70m x 10m : ce sont les dimensions du mur lapidaire de Narbo Via
- 10 : c’est le nombre de blocs interprétés en permanence grâce aux écrans situés devant le mur. Ils vous permettent de découvrir ces blocs de pierre au sein de leur emplacement d’origine
Le saviez-vous ?
Pendant que vous visitez, deux chercheurs travaillent en permanence sur les oeuvres en réserve : enduits peints, inscriptions, blocs architecturaux à reconstituer…
Des graffitis sur les blocs
Si en inspectant les détails des pierres vous repérez des blocs marqués à la bombe, ce ne sont pas des graffitis, mais bien une méthode de classement !
Au démontage des remparts, les blocs intéressants étaient marqués de la mention “musée” pour être sûrs qu’ils soient bien intégrés aux futures collections, d’autres portent plus simplement des numéros.
Quand vous aurez terminé d’admirer le mur lapidaire et ses 400 blocs, franchissez la porte de la salle d’exposition et tournez tout de suite à droite !
Une canalisation bouchée
C’est la plus ancienne des œuvres du musée et pourtant sans un incroyable hasard, personne ne serait plus en mesure d’admirer cet incroyable buste d’Hercule !
Lors des premières fouilles sur le site de la Nautique, les archéologues décident d’explorer quelques anciennes canalisations, l’une d’elle est bouchée par un bloc de pierre, ils décident de l’extraire.
Une fois sorti, de l’autre côté du bloc lisse se trouve …Hercule, reconnaissable à la dépouille de lion dont il est paré.
Recyclage et développement durable…
Nos ancêtres se préoccupaient déjà du recyclage ! Il n’était pas question de gaspiller, et surtout pas une belle pièce de marbre.
Lorsque vous arriverez devant le marbre orné figurant un crâne de taureau et une frise de fruits, ne vous arrêtez pas qu’à cette représentation du sacrifice et de l’abondance, faites-le tour du bloc !
Vous trouverez au verso les blasons des consuls de Narbonne gravés dans ce même bloc des siècles plus tard.
Recto
Verso
Les vraies stars du musée
Bustes, sculptures, gravures, peintures, les personnages illustrés nous aident à reconstituer la mode de leur époque.
Des “fashionistas”Dans le cadre familial ou dans l’espace public, les portraits sculptés étaient très répandus et permettaient d'entretenir le souvenir. Ils marquent aussi un certain niveau de notoriété, d’aisance et de rang social.
Cette série de têtes sculptées nous permet de reconstituer les différentes modes capillaires et pilaires : frange raide pour les hommes et coiffure “nid d’abeille” pour les dames au Ier siècle ou encore coupe “à la Marc-Antoine” ; avec barbe à la fin du IIIeme siècle ou imberbe 200 ans plus tôt
Une stèle, une histoire
Les stèles funéraires faisaient souvent mention des métiers des défunts mais elles n’étaient certainement pas toutes aussi parlantes que celles qui seront devant vous :
- Le marchand de pomme interpellant ses clientes “mesdames, mesdames, mes (pommes)”,
- Le meunier qui a fait sculpter sa tèle de son vivant pour y rendre hommage à sa femme et sa fille,
- Le jongleur et ses balles qui semblent presque sortir de cette immense stèle,
- Marcia Donata, la milanaise, rare stèle de femme seule, plus souvent représentées avec leur époux ; elle est représentée avec un livre à la main et était probablement commerçante.
Vous avez peut-être remarqué la stèle de ce couple aux mains jointes et au regard très expressif ? Les contours de la sculpture sont extrêmement marqués et c’est une spécificité des sculptures narbonnaises permettant de les identifier sur tout le pourtour méditerranéen !
Je ne peux enfin pas finir ce récit sans un clin d’oeil à cette sculpture reconstituée à cet homme remis debout qui n’est pas sans rappeler une grande oeuvre d’art contemporain.
Trouverez-vous laquelle ?
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